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Etymologie de Debdou
Il existe trois hypothèses à l'origine de cette appellation : la première est liée à la venue des juifs au XIVe siècle et notamment d'un certain David Dou - il s'agirait en fait de rabbi David Hakohen ; la seconde plus probable se rapporte aux premiers habitants supposés de la région, les amazighs, le nom Debdou se rapprochant d'un terme amazigh signifiant « entonnoir » ; la troisième se rapporterait à l'occupation des Mérinides avec le même sens que le précédent.
Histoire
Préhistoire
On a retrouvé des traces d'occupation datant de la préhistoire, notamment du paléolithique et du néolithique, à proximité : ainsi des tumulus ont été relevés à la station du Goutitir sur l’oued Al Abd, ainsi qu’à Aïn Fretessa, et à Ayoun Sidi Mellouk. De plus,selon la tradition, Debdou aurait été occupé par les Romains, comme semblent en témoigner certains vestiges comme le notent M. Voinot et N. Slouschz2 : notamment par l’existence près de la Kasba « d'un fossé et d'une galerie souterraine taillés dans la roche, s'enfonçant jusqu'à environ 30 mètres de profondeur », même si aucun élément déterminant ne permet de valider cette thèse depuis lors, celle-ci ayant aussi pu être l'œuvre des Mérinides.
Cet éclatement (?) va être déterminant pour l’histoire de la région et de Debdou en particulier, car celle-ci est par la suite liée aux antagonismes entre Zianides et Mérinides pour le contrôle de la région et ainsi devenir un enjeu important. Sa position stratégique lui donne une importance sans commune mesure, et elle supplante Taza durant une longue période, l'âge d'or de Debdou.
Enjeu stratégique à partir des Mérinides
Ainsi après la déchéance de l’empire Almohade, la dynastie des Mérinides prend le pouvoir au Maroc.
Les Mérinides, appelés aussi "Banu Marin", sont une dynastie berbère zénète. Ibn Khaldoun, dans son Kitab al Ibar, désigne le désert entre Figuig et Sijilmassa comme leur terrain de parcours d’origine. L’arrivée de tribus arabes dans la région du sud entre les XIe et XIIe siècles provoque certaines mutations démographiques, obligeant les tribus berbères à remonter vers le nord et à s’installer au nord-ouest de l’Algérie actuelle. Vers le début du XIIIe siècle, ils effectuent leur pénétration durable dans les régions habitées de leur zone de parcours habituel, profitant du déclin almohade. Celle-ci s’impose sous l’égide de Abd Al Hakk, qui conquièrent de grandes villes telles que Meknès (1244), Fès (1248), Sijilmassa (1255) et Marrakech (1269).
Avec l’appui des tribus zénètes installées dans la région de Taza, notamment les restes des Miknassa et les Maghraoua, les Mérinides atteignent le Maroc oriental, occupent Taza en 1216 et poussent à l’ouest en dominant le plat pays et la bordure de la montagne. Vers 1257, Abû Yusuf Yakub (1258-1286) soumet tout le Souss jusqu’à Oujda, en abattant ainsi l’autorité almohade. Il se porte ensuite en 1267 contre les Abdalwadides qui ont attaqué Taourirt et sa région. Par la suite, les campagnes des Abdalwadides continuent, et son descendant Abû Yakub Yusuf (1286-1307) entre en campagne en 1295, s’arrêtant à Taourirt, et engageant durant la même période des campagnes contre les Abdalwadides. Il réussit à parvenir jusqu’à Tlemcen, dont il fait le siège entre 1299 et 1307, bien que la ville ne soit prise que bien après en 1337.
Cette politique expansionniste se comprend au travers du rêve mérinide de reconstituer l’empire maghrébin, constitué auparavant par les Almohades.Par le biais des Mérinides, Debdou entre dans l’histoire écrite : on la décrit comme citadelle fortifiée (Kasbah) contenant une garnison tout comme sa consœur Taourirt, et d’autres dans les montagnes avoisinantes pour s’opposer aux Zianides de Tlemcen. Elle joue un rôle stratégique de par sa situation géographique particulière à la frontière des deux États antagonistes, mais aussi de par son relief escarpé qui la protège des incursions (voir: attaques des tribus Maquil) et l'abondance de ressources, décrite par Charles de Foucauld en 1885, et favorisée par son micro-climat.
La place politique de Debdou à cette époque importe. Lors de la répartition effectuée par Abd al-Haqq (1196-1218) entre les tribus mérinides, elle échoit au partage aux berbères Beni Ali, fraction des Banu Urtajjen, qui, chargés de couvrir Fès contre les entreprises des Abdalwadides de Tlemcen, en font la capitale de leur fief. Cela lui vaut d’être dévastée en 1364-1365 par le roi de Tlemcen Habou Hammou II (1359-1389). Ainsi Mamoun Naciri précise que « les témoignages de ces dévastations sont confirmés sur le terrain, puisque la majorité des monuments de l'époque ont disparu et n'en subsiste que le toponyme ». À cette période, le royaume des Abdalwadides retrouve une certaine aisance de mouvement, même si ses volontés d’extension vers l’est demeurent inefficaces et le danger mérinide toujours présent.
Par la suite, au cours de la fin du XIVe siècle début XVe, après l'excursion d'Habou Hammou dans la région, on n'a guère d’indications relatives à l’histoire et à l’occupation de Debdou, à l'exception de la venue des arabes Banu Mā’qīl dans la région. Les Maquil sont des tribus arabes, probablement originaires du Yémen, venus d’Arabie en même temps que les Beni Hilal. Ces derniers commencent à s’infiltrer au Maroc durant les premières décennies du XIIIe siècle sous la dynastie almohade, abordant le pays par le sud-est, et se répandant dans les régions orientales et méridionales, d’une part entre l’Ouest de l’Oranie et de la vallée de la Moulouya jusqu’à la côte méditerranéenne, puis dans le sud-est du Maroc actuel, jusqu’au littoral atlantique au sud du Haut Atlas (correspondant à ce qu’on désignait par "Maghreb al Aksa"). Leur rôle commence à prendre de l’importance sous les Mérinides. Durant le XIVe siècle notamment, le Maroc oriental souffre de l’opposition de ces tribus aux souverains mérinides. Par la suite, malgré la politique généreuse menée par le gouverneur d’Abû Inan au Da’ra, certaines fractions continuent leurs malversations dans toute la région. Vers la fin de cette dynastie, les arabes Maquil profitent, dit-on, de « l’anarchie qui régnait dans le pays2 » pour occuper la région entre Tlemcen et Taourirt, s’emparant de Tafrata et des plaines environnantes.
Cette « anarchie » à laquelle fait allusion Nahum Slouschz correspond en fait à la phase de désintégration territoriale que connaît la dynastie mérinide, et qui s’accentue sous le règne du Sultan Abou Saïd III (1398-1420). Ce processus de décomposition interne aboutit à une dislocation territoriale, liée entre autres à des forces centrifuges en raison de leur faiblesse numérique, ethnique, l’absence de base religieuse pouvant servir de base solide à leur pouvoir comme pour les Almoravides et les Almohades, ainsi que leur dépendance aux arabes Maquil, ce qui pose sur le long terme le problème de la dissociation territoriale contribuant à affaiblir le territoire (on trouve des problèmes comparables chez les Abdalwadides de Tlemcen). Les causes directes quant à elles, sont liées au contexte politique, notamment aux marabouts qui appellent à la guerre sainte contre les Portugais qui ont occupé Ceuta. En 1415 les Arabes s’agitent et se livrent au pillage. Un souverain hafside (de Tunisie) arrive même à faire une incursion jusqu’à Fès. Malgré leur mainmise sur la région, ces derniers ne peuvent s’emparer de la vallée de Debdou qui oppose une résistance farouche et qui finit par obtenir son indépendance par un traité, de soumission au chef de la résistance Moussa Ben Hammou fondateur de la dynastie des rois de Debdou. Ce dernier se proclame souverain de Debdou vers 1430 : lui et ses descendants vont y régner plus de cent ans.
Principauté de Debdou (1430-1563)
Banu Urtajjen était une famille berbère liée à la dynastie wattasside. Moussa Ben Hammou annonce la dynastie de ce qu'on peut appeler les « rois de Debdou », dont on connaît la liste par Léon l'Africain. C’est une période qui marque l’apogée de Debdou dans l’histoire. Cette époque est liée par la tradition orale à la dynastie mérinide bien qu’elle lui soit postérieure. Ainsi Nahum Slouschz précise que l’on ne sait pas grand-chose sur l’origine de ce souverain2, mis à part le fait qu’un clan juif en porte le nom, de même que les Oulad Hammou chez les Ahl Admer dans la région avoisinant Réchida plus à l'ouest.
Voici leurs noms et dates de règne par ordre chronologique, il s'agit d'une dynastie héréditaire:
Moussa Ben Hammou (1430-1460) ;
Ahmed (1460-1485) ;
Mohamed Ben Ahmed (1485-1513), surnommé « roi de Debdou » ;
Mohamed II (1513-1550) ;
Ammar (1550-1563).
Le règne de ces souverains est à lier à la faiblesse de l’autorité centrale après la chute des Mérinides sous la dynastie des Wattassides, et des Saadiens.
En effet, les successeurs des Mérinides, les Béni Wattas, sont des Berbères zénètes, de la branche des Béni Marin, descendants des Béni Wacin, nomades cavaliers. Ils quittent le Zab et les hauts plateaux du Maghreb pour le Maghrib al Aksa au XIe siècle et dans le riff au XIVe siècle. Associés aux Mérinides, ils vont peu à peu les supplanter. Ces derniers jouissant au sein des Mérinides de nombreuses charges et dignités dont ils vont profiter pour accéder au pouvoir. Bernard Lugan n’hésite pas à les comparer aux « maires du palais » carolingiens. Ainsi après la mort du sultan mérinide Abou Inan en 1358, le pouvoir effectif est exercé par les Béni Wattas qui finissent par les remplacer après l’assassinat du dernier souverain mérinide en 1465. Proclamé sultan à Fès en 1472, Abou Abdallâh Mohamed Es Saïd surnommé « Ech-Cheikh » est pourtant loin de faire l’unanimité dans tout le Maroc.
En réalité le sultan wattasside est seulement roi de Fès. Ainsi, dans le nord, Chefchaouen et Tétouan sont des principautés presque indépendantes. Dans le sud, les Hintata sont maîtres de Marrakech. Debdou profitant de cette faiblesse dynastique connaît alors son apogée sous le règne de Mohamed Ben Ahmed (1485- 1513), ce dernier étant considéré comme le souverain le plus prestigieux de sa famille d’où son surnom de « roi de Debdou ». Il embellit la ville de quelques édifices : on lui reconnaît ainsi la construction du quartier el Kasbah et de la grande mosquée. De même il voulut se rendre maître de Taza sous la sollicitation même des habitants de cette ville. Mais Ech-Cheikh s'y oppose et fait le siège de Debdou, qui est contraint de se soumettre. Ce dernier reste néanmoins « plein d’égard pour lui3 » et lui confie ce qui devient désormais la vice-royauté de Debdou.
Après ces évènements la principauté de Debdou reste assujettie aux Béni Wattas et à la dynastie des chorfas saadiennes qui lui succède, tout en conservant cependant une grande autonomie, notamment en ce qui concerne les affaires internes à Debdou, une des permanences tout au long de son histoire même après son déclin, jusqu’à l’arrivée du Rogui Bou Hamra et des Français cinq siècles plus tard.
Le lent déclin de la ville
Sous le règne d'Omar, Debdou est à son apogée comme le reconnaît Mamoun Naciri en citant une lettre de Moulay Omar aux autorités de Mellilia le 6 mars 1551 « … d'Oujda à Taza, tout le pays reconnaît l'autorité de Moulay Omar, il n'y a plus que Fès à soumettre. » Cette période est très agitée sur le plan régional, en effet elle correspond à la venue des turcs ottomans à l'est, ce qui n'est pas anodin car le Maghreb, et surtout le Maroc constitue un pont vers l'Europe risquant de mettre en danger l'Espagne
Après la mort de Ammar, Debdou connaît une déchéance progressive : Debdou est directement annexée par les saâdiens, pourvue d'un pacha et d'une garnison chargée de la défendre contre les turcs.
L'arrivée des Turcs et la crise des XVe et XVIe siècles
La fin des rois de Debdou est marquée par son entrée dans la politique internationale avec l'Europe. Debdou est un emplacement stratégique, soit pour s'emparer de l'empire chérifien, pour l'empire ottoman, soit pour défendre l'Europe contre les incursions ottomanes. Le royaume de Debdou est pris entre deux feux et doit faire un choix, étant menacé à l'est par le royaume de pirates qui vient de se créer vers Oran.
En effet, l'épisode le plus marquant retenu pour Debdou dans l'historiographie établie par Nahum Slouschz2 est « l'établissement en Algérie de Baba Aroudj et de son frère Keïr ed dine. Aroudj profita de l'affaiblissement du pouvoir des Mérinides pour se tailler un royaume. Aroudj s'empara successivement d'Alger et de Tlemcen » (p. 23). On cite le royaume de Debdou lors de sa fuite face aux Espagnols mais aussi dans des sources espagnoles et portugaises dans lesquelles on cite, dans la correspondance entre le roi de Debdou avec l'Espagne et le Portugal, quelques évènements concernant le royaume de Debdou. Ainsi il choisit logiquement l'Europe dans ses relations stratégiques. Cependant, celle-ci ne sut, ou ne voulut pas le défendre. Le roi et sa famille durent s'expatrier au moins à deux reprises, car en plus d'avoir subi les représailles du royaume d'Oran, elle est victime d'une épidémie de peste qui décime la population au même moment.
Par la suite le royaume décline, quoiqu'il pût garder un rayonnement économique assez significatif pour être noté par quelques commentateurs, tout du moins jusqu'au XVIIIe siècle, pour ensuite être redécouvert par les européens avec le reste du Maroc, dans le courant du XIXe siècle grâce aux voyages de M. Charles de Foucauld.
Debdou, terre d'immigration juive
Un ensemble de facteurs socioéconomiques ont permis à Debdou de conserver une importance toute relative en tant que « port des steppes orano-marocaines ». La place qu'ont occupé les juifs à ce niveau a été déterminante. Sur le plan chronologique il est vrai qu'on aurait pu les inclure dès le règne de Mohammed Ben Ahmed mais le rôle que va jouer cette communauté dans l'histoire de Debdou va prendre toute son importance dans les siècles qui suivent. En effet c'est ce dernier qui a convié les juifs à peupler les lieux selon l'historien français H. Terrasse. Eliyahou Marciano émet l'hypothése qu'il s'agit de descendants des juifs expulsés d'Espagne en 1391 et habitant depuis quelques décennies Fès, Tlemcen, Sefrou et ses environs.
À ce titre voici ce que dit Eliyahou Marciano à leur sujet : « Un petit groupe de réfugiés originaires de Séville, parvint à Debdou. La tradition locale parle d'une dizaine de familles, pour la plupart des Cohanim, cherchant un lieu d'asile sous la houlette de Rabbi David Hacohen. Mais l'on manquait d'eau, raconte-t-on. Rabbi David, après de ferventes prières, frappa le rocher de son bâton, et il en jaillit une source encore connue aujourd'hui sous le nom de source de Séville. » C'est autour d'elle que ce seraient développés les quartiers locaux le long de la rivière Bourwed en amont et en aval.
Ainsi dans un premier lieu arrivent donc les juifs expulsés de Séville originaire de Tlemcen. Un autre embryon originaire de Tlemcen serait venu vers 1545 à la suite de la conquête de Tlemcen par Kheir ed Dine (Barberousse) selon Rabbi David Hacohen dans son ouvrage de responsa, dont le contenu prouve que la présence des juifs remonte au moins au XVIe siècle. L'arrivée de cette communauté se fait donc dans un contexte assez trouble puisqu'elle correspond aux incursions des turcs ottomans dans la région. Là encore, Debdou occupe une position stratégique tant pour les ottomans que pour les européens. En effet, Debdou se trouve aux frontières de « la sublime porte » occupant la région de Tlemcen aux portes de l'empire chérifien qui touche l'Espagne. Il ne faut pas que les ottomans s'en emparent. Une longue et complexe guerre s'engage entre ces deux empires.
Cette population va permettre à cette ville de continuer à rayonner encore durant plusieurs siècles après le règne d’Omar en dynamisant son commerce, mais aussi d’un point de vue culturel et religieux. Debdou va ainsi connaître encore pendant plusieurs siècles un rayonnement sans aucune mesure avec sa taille. Il est cependant difficile de retracer le cours des événements notamment entre les XVIIe et XIXe siècles. C'est une période que l'on associe surtout à la décadence et à l'anarchie de Debdou. En effet les termes « désordre » et « anarchie » se retrouvent souvent dans les documents parlant des périodes peu connues de l'histoire de cette ville qui seraient caractérisées par des périodes troubles.
En fait, il est probable que la venue des juifs réfugiés à Debdou ne soit pas la seule composante à prendre en compte : il faudrait aussi rajouter une forte minorité de populations musulmanes dans le courant du XVIe-XVIIe siècle, preuve en est de l'importance des tombeaux de saints, en grand nombre dans la région, dont beaucoup remontent du Ve au VIIIe siècle de l'hégire. Mais il ne faut pas oublier aussi que Debdou est sur une région frontalière, cette fois-ci dans le sens le plus strict du terme (notion héritée de l'empire ottoman), et qu'il est possible qu'elle ait conservé encore un certain temps une importance militaire. Il semble aussi d'après Michel Lecomte que l'agriculture connaissait un développement plus important autrefois.
Le Debdou moderne
Jusqu'à une époque récente, la majorité des habitants avait un mode de vie sédentaire, habitant toute l'année des maisons étroites extrêmement rudimentaires, construites en pisé et couvertes en perches de thuyas. Ces maisons sont groupées en ksour étagés dans les vallées à flanc de montagne, à proximité de sources et situées de manière à répondre à l'impératif, autrefois essentiel, de la défense. Ils vivent de leur maigre culture (orge en bour principalement cultivé à Gâada et Tafrata) et de leur troupeau. Les riches ne dépensent pas plus que les pauvres. Par contre ils théaurisent. On retrouve des comportements semblables chez les populations Zoua
Au début du XXe siècle, Michel Lecomte regroupe les Ahl Debdou en trois grandes fractions différentes :
Le Mellah
Les Mrassane : Ahl Msella, Ahl Kasbah, Koubbouyyin, Oulad Ounnan (ils ont été rattachés administrativement plus tard)
Les Fraouna : Oulad Amara, Kiadid, Oulad Youssof, Ahl Rekna
Juifs et musulmans ont cohabité amicalement, et partagent parfois les mêmes croyances en des saints comme Sidi Bouknadil. Toutefois il faut savoir que ces deux communautés évitent soigneusement de se mélanger. Il fallait préserver l'authenticité de leur communauté dans laquelle aucun mélange n'était permis. La religion et la tradition fixaient les limites de la mixité sociale.
Le Protectorat français a apporté plusieurs choses dans la région :
La suppression du brigandage pratiqué par les Bénis-Reïs, Alouana, Béni-Fachett et Oulad Amor et l'augmentation des emblavures en Tafrata et à Gâada. Mais elle a entrainé la diminution des surfaces irriguées. Cela est dû principalement à l'éparpillement des hommes et par conséquent des moyens, donnant un rude coup à la réalisation et à l'entretien de ces travaux, et à la diminution des sources en eau qui serait due à la dégradation de la forêt de la Gâada.
Des campagnes de vaccination et des aides financières vont aider les agriculteurs éleveurs à se sortir des crises.
Couplé à l'action de l'alliance israélite puis des agents sionistes, cette période a aussi vu l'émigration de la plupart des Juifs vers Israël. Déjà vers 1950 le Mellah est abandonné, et fin 1970 il n'y a plus aucun juif résidant à Debdou.
Depuis l'indépendance, la ville de Debdou n'est plus qu'une bourgade sans histoire. Les principales actions de modernisation de la région par l'État sont la construction de barrage et plus récemment le désenclavement routier par le passage de l'autoroute allant vers Oujda.